Illusions d'optique : interprétations
erronées d'une donnée sensorielle.
L'image "physique" formée au fond de l'oeil, analysée point par point, puis transmise au
cerveau sous forme de messages codés est en principe la même pour tous.
Ce
sont les zones visuelles du cerveau qui analysent ces signaux et nous donnent
une représentation de l'objet perçu.
L'interprétation qu'en fait le
cerveau peut parfois être ambiguë. Ces "erreurs" d'interprétation sont des
illusions d'optique, qui ne sont pas perçues de la même façon par chacun d'entre
nous (nous n'avons pas tous le même "vécu", ni les mêmes images en
mémoire)...
Les illusions sont les témoins des mécanismes de la vision. Elles confirment que notre perception du monde est assez éloignée de la photographie. Elle est le résultat :
- d'une stimulation des photorécepteurs rétiniens, qui peuvent subir des phénomènes de fatigue.
- et surtout d'une construction mentale, à partir des messages nerveux reçus, parfois erronés. Le cerveau cherche à mettre du sens partout, même là où il n'y en a pas. Alors, il en fait trop, amplifiant les contrastes, créant contours, couleurs, perspectives, reliefs, mouvements, en fonction de ce qu'il connaît. En effet, malgré une organisation générale commune du cortex visuel, les apprentissages et le vécu diffèrent d'une personne à l'autre, d'où une sensibilité variable à certaines illusions.
Explications des illusions optico-géométriques :
Ce
sont des
illusions formées par des figures géométriques qui donnent lieu à des erreurs
d'estimation, de dimension, d'interprétations, de courbure, de
direction...
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, des pionniers
de la psychologie expérimentale, comme Delboeuf, Hering, Müller-Lyer et
plusieurs autres ont découvert une grande variété d’illusions dites
optico-géométriques auxquelles ils ont laissé leur nom. Au total plus de 200
illusions géométriques ont été répertoriées.
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On considère généralement qu’une illusion géométrique comporte deux éléments :
Par
exemple, dans la figure de Müller-Lyer (à gauche), les pointes de flèche
sont l’élément inducteur et les traits horizontaux, l’élément
test. |
![]() Illusion de Poggendorff Le segment oblique inférieur (à gauche) ne paraît pas dans l’axe du segment oblique de droite, alors que physiquement ils sont dans le même axe. |
Depuis plus d'un
siècle nous avons proposé plusieurs explications pour les illusions géométriques
mais les plus convaincantes s’accordent sur trois points importants.
D'une part, les illusions sont du domaine perceptif et n’ont rien à voir avec la pensée ou le raisonnement. En effet, nous savons que la plupart de ces illustrations sont des illusions géométriques, mais cela ne nous empêche pas de percevoir des déformations.
Ensuite, les illusions ne naissent pas dans la rétine ; elles apparaissent presque aussi nettement lorsque l'élément inducteur est placé devant un oeil et l'élément test devant l’autre oeil. Elles prennent donc naissance dans le système visuel, là où convergent pour la première fois les informations en provenance de chaque oeil.
A. CLASSIFICATION DES ILLUSIONS OPTICO-GÉOMÉTRIQUES :
1) La mise en relation de grandeur : | |
De
nombreuses illusions produisent une mise en relation de grandeur des éléments de la figure. Il en résulte généralement un effet de contraste :
la grandeur apparente des éléments les plus grands est surestimée par
comparaison au plus petit et inversement. Le cas le plus évident est sans
doute l’illusion de Titchener (à droite). On a cependant invoqué à
certains moments le principe d’assimilation suivant lequel, lorsque les
différences sont minimes entre les plus grands et les plus petits
éléments, on a tendance à minimiser ces différences. Il s’ensuit une
assimilation d’un élément test à un élément inducteur plus grand (donc un
surestimation de l’élément test) ou plus petit ( donc une sous-estimation
de l’élément test), alors que le contraste apparaît lorsque la différence
entre l’élément inducteur et l’élément test est plus
importante. |
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2) La courbure des arcs de cercle : | |
![]() Courbure des arcs de cercle Les trois lignes semblent avoir des courbures différentes, alors qu’elles ont la même courbure. |
La courbure des arcs de cercle varie en fonction de leur longueur. Les arcs court sont vus plus plats que les arcs longs. |
3) Les effets d'angles : | ||
![]() Illusion de Hering Les lignes horizontales semblent incurvées, alors qu’elles sont physiquement droites et parallèles. |
Les
illusions dues à des effets d’angles sont très nombreuses et elles sont
sans doute parmi les plus spectaculaires. Les scientifiques se sont
appuyés sur deux principes pour les expliquer. Tout d'abord, nous avons tendance à sur-estimer les angles aigus et a sous-estimer les angles obtus. Nous avons qualifié ceci de principe d’orthogonalité, étant donné qu’il s’agit dans chaque cas d’une tendance à ramener l’angle vers un angle droit. Ce principe permet d’expliquer facilement les illusions de Zöllner (à droite) et de Hering (à gauche), mais il peut aussi s’appliquer à l’illusion de Poggendorff et à celle de Müller-Lyer (voir plus haut). Dans l'illusion de Zöllner, les lignes nous paraissent déformées à cause des petites lignes qui forment le graphisme secondaire. Le second principe concerne la tendance que l’on a à sur-estimer les côtés d’un angle obtus et à sous-estimer ceux d’un angle aigu. Dans ce cas, l’illusion de Müller-Lyer pourrait encore servir d’exemple. |
![]() Illusion de Zöllner Les lignes obliques ne semblent pas parallèles, alors qu’elles le sont. |
4) La verticalité : | |
Une
ligne verticale paraît plus longue qu’une horizontale de même longueur car
le mouvement des yeux qui est lié aux lignes horizontales est plus facile
à exécuter qu’un mouvement vertical. L’exemple le plus fréquemment cité est le T inversé (à droite), mais il faut noter que cette forme donne lieu à des effets d’illusion compétitfs parce que, en plus de la surestimation liée à la verticalité, il y a un effet de contraste de grandeur produit par la mise en relation entre la verticale et chaque segment de l’horizontale. On obtient un vrai effet de la verticalité en utilisant plûtot la figure en forme de L. |
![]() Illusion de la verticale La verticale paraît plus longue que l'horizontale, alors qu'elles sont physiquement de la même longueur. |
5) La perspective : | ||
![]() Illusion de Ponzo La verticale de gauche paraît plus longue que celle de droite. Vous vous en doutez, elles sont identiques. |
La
présence de traits
suggérant la perspective entraîne des illusions de grandeur. À même
grandeur physique, une forme paraissant plus éloignée qu’une autre sera
vue plus grande et inversement. On a tenté de généraliser ce principe à
plusieurs illusions. Ainsi, l’illusion de Ponzo (à gauche), qui pourrait
être également considérée comme une illusion de mise en relation de
grandeur, est fréquemment expliquée par un effet de
perspective. |
![]() Illusion à damier La verticale noire de droite paraît plus longue que celle de gauche. Biensur elles sont identiques. |
6) La division de l'espace : | |
![]() Illusion d'Oppel-kundt La distance entre A et B paraît plus longue que la distance entre B et C. |
Un espace qui est divisé ou occupé par de nombreux éléments apparaît généralement plus grand qu’un espace qui ne l’est pas. L’exemple typique est celui de l’illusion d’Oppel-Kundt. |
7) Les illusions de couleurs : | ||
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Les
illusions de couleurs sont très nombreuses et très impressionnantes. L'illusion de
couleur de gauche montre bien ce phénomène. Ce sont les couleurs d'arrière
plan qui vont influer sur l'illusion, en effet, la lumière dépend non
seulement de l'intensité lumineuse de l'objet lui-même mais aussi de son
environnement (contraste de surface). Le cerveau distingue les couleurs
par rapport au milieu environnant ainsi le blanc semble accentuer la
nuance du carré de gauche et le rouge foncé semble diminuer la nuance du
carré de droite. Et c'est la même chose pour l'illusion de dégradé en bas
à gauche, le noir eclaircit le gris alors que le blanc semble
l'accentuer. L'inverse est également possible, on voit du gris entre les carrés blanc, mais cette fois ci on n'en voit pas autour du carré central à sa gauche; tout simplement parce que nous avons rajouté un point blanc afin qu'il n'y ait pas trop de noir par rapport au reste de la figure et ainsi l'information ne traduit par du gris au niveau du cerveau. |
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8) Les illusions subjectives : | ||
Illusion subjective du cube |
Ce
phénomène
consiste à percevoir des figures qui se détachent de leur fond bien
qu'aucun trait ne soit tracé pour délimiter celles-ci. Ces figures nous
paraissent aussi plus claires ou plus sombres que leur fond. |
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A gauche, nous voyons un cube se détacher très
nettement alors qu'il |
9) Les images résiduelles | |
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Ceci est appelé "image résiduelle". Une image résiduelle est une image qui demeure quand on cesse de regarder un objet. La rétine, située au fond de l'œil est tapissée de cellules sensibles à la lumière colorée : les cônes. Tous ne sont pas sensibles aux mêmes couleurs, certains sont sensibles au rouge, d'autres au vert, et d'autres encore au bleu. Quand on observe "Marylin Monroe" rouge, les cellules sensibles au rouge se fatiguent et perdent leur sensibilité. Aussi, lorsque l'on regarde le fond blanc en bas de l'image, on la voit verte, car seules les cellules sensibles au bleu et au vert continuent à travailler et qu'elles recréent la couleur dite complémentaire du rouge. Est-ce que les images résiduelles peuvent être classées parmi les illusions d'optique ? Oui car c'est bien une illusion mais cette fois l'illusion ne se crée plus au niveau du cerveau mais bien dans la rétine... |
10) Les illusions de mouvement : | |
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L'oeil
humain se fatigue très vite lorsqu'il est contraint de fixer un objet. Si, en
revanche, on laisse glisser le regard de l'objet, on évite ainsi de fixer
trop intensément et l'image frappe d'autres segments de la rétine
disposant de leur pleine capacité. |
B) LA
PERCEPTION DES ILLUSIONS SELON LES CULTURES :
Les illusions
dépendent non seulement de notre système visuel mais aussi de notre culture en
général. Ainsi, les européens paraissent avoir une illusion de Müller-Lyer plus
forte et une illusion du T renversé moins forte que d’autres groupes ethniques,
en particulier africains.
Nous qui vivons en Occident dans un monde oû les formes géométriques avec des angles droits prédominent (immeubles aux lignes perpendiculaires, murs verticaux, plafonds horizontaux ...) avons une très forte tendance à sur-estimer les angles aigus et à sous-estimer les angles obtus, de manière à les ramener à des angles droits. C’est pourquoi nous sommes plus sensibles à l’illusion de Müller-Lyer.
Pour ce qui
est de
l’illusion du T renversé, une autre explication s’applique. Comme les peuples
africains vivent dans la savane, qui a un relief très plat, et que leur
environnement est pratiquement dépourvu d’arbres, de maisons ou de poteaux, ils
sont donc moins habiletés que nous à juger les lignes verticales ; c’est
pourquoi ils sont plus facilement bernés par l’illusion du T
renversé.
Explications des illusions d'optique artistiques
illusions d'optique artistiques | ||
![]() Illusion artistique Que voyez-vous sur cette image ? Une jeune fille élégante ou une vieille sorcière ? Essayez de voir les deux : le menton de la jeune fille correspond au nez de la sorcière, l'oeil de la sorcière correspond à l'oreille de la jeune fille... |
Ces
illusions ne sont pas des manifestations d'erreurs d’interprétations du
système visuel humain mais plutôt la conception de l’oeuvre qui induit
notre oeil en erreur. - Des groupes portant sur l’ambiguïté, chaque dessin peut donner lieu à au moins deux interprétations visuelles qui s’excluent mutuellement. (exemple à gauche). L'observateur peut normalement passer volontrairement d'une interprétation à l'autre, une fois que les différentes interprétations ont été identifiées ainsi que certains indices concernant les différentes interprétations. - Des groupes sur l’impossibilité, des parties différentes de chacun des dessins suscitent des interprétations incompatibles entres elles. Tous les objets de cette catégorie ne pourraient pas exister ou il serait fortement improbable qu’ils existent dans la réalité. (exemple à droite) |
![]() Illusion des colonnes Combien y a t'il de colonnes ? Difficile à compter, n'est ce pas ? |